Né de la terre : Le caractère des grands vins dépend essentiellement de la nature du sol, son terroir, de sa situation, de la présence de minéraux assimilables par la vigne, de l’argile pour retenir l’eau et du sable pour assurer une bonne aération de la terre. A chaque type de sol correspond une personnalité du vin.
Né du ciel : Un sol favorable ne suffit pourtant pas, les conditions d’ensoleillement, l’exposition au vent ou aux brumes matinales, la présence d’un cours d’eau à proximité, tous ces facteurs du climat influent à la fois sur le sol mais aussi sur la croissance et la qualité du raisin.
Né de la main : Pour que l’alchimie fonctionne, il faut aussi un alchimiste. C’est là que le talent et l’expérience des Hommes subliment les caractéristiques naturelles du sol et du climat. C’est le choix du cépage, l’entretien du sol, la conduite de la vigne, les conditions de vendange, la maîtrise de la vinification qui vont faire la différence.
Ainsi naît un terroir, écheveau complexe de relations mutuelles entre les roches au sous-sol, la terre, l’atmosphère, le temps qu’il fait et le temps qui passe. Un environnement en relation harmonieuse avec la vigne, éléments que le vigneron a apprivoisés à sa façon depuis des siècles, pour y faire éclore la « saveur d’un terroir », transmise au vin.
La géologie et le climat
L’Alsace se trouve dans un fossé d’effondrement d’axe Nord-Sud provenant d’un massif ancien dont il reste les vestiges : les Vosges à l’Ouest et la Forêt Noire à l’Est. Fermée au Sud par le Jura et au Nord par les collines de la Basse-Alsace, elle forme une cuvette au climat semi-continental ensoleillé, chaud et sec. Le vignoble alsacien occupe les collines sous-vosgiennes à une altitude comprise entre 180 et 400 mètres, c’est-à-dire au-dessus des brouillards qui se forment dans la plaine. L’ensoleillement et les conditions géologiques d’accumulation thermique sont bien supérieurs à ceux de la plaine.
Ces collines sous-vosgiennes se trouvent dans « l’ombre pluviométrique » des Vosges qui contribue à son climat très particulier : les précipitations y sont parmi les plus faibles de France (en moyenne entre 500 et 700 millimètres par an).
En automne, les journées chaudes alternent avec des nuits fraîches et permettent une maturation lente et prolongée des raisins. La fraîcheur des vins est ainsi favorisée par le développement d’arômes complexes et la préservation de l’acidité.
La géologie alsacienne est comparable à une mosaïque : granit, calcaire, argile, schiste, grès la compose. Cette grande variété de terroirs est propice à l’épanouissement de nombreux cépages. Nous en revendiquons six : le Pinot Blanc, le Riesling, le Muscat, le Pinot Gris, le Gewurztraminer et le Pinot Noir.
Les Grands Crus
La notion de « Grand Cru » apparaît en Alsace dès le IXème siècle. Ces lieux-dits d’exception sont strictement délimités selon des critères géologiques et climatiques uniques et correspondent aux meilleurs terroirs alsaciens.
Au nombre de 51 répandus sur toute l’Alsace, nous en revendiquons trois :
Grand Cru KITTERLÉ : La complexité minérale
A la sortie de la vallée de la Lauch et au Nord de Guebwiller, le KITTERLÉ dessine un éperon sur le massif de l’Unterlinger, offrant ainsi différentes expositions (Sud, Sud-Est et Sud-Ouest) sur un sol à forte pente. Fort bien abrité des vents de secteur Nord, il a pour lui un remarquable ensoleillement et occupe un site unique en Alsace, à une altitude variant de 270 à 360 mètres.
Son substrat est formé de grès vosgien grossier et de conglomérat de quartzite du Buntsandstein moyen. Vers le sommet, des niveaux de grès fins micacés et des lentilles d’argile s’y trouvent parfois inter-stratifiées. À l’extrémité Ouest le terroir gréso-volcanique appartient aux grauwackes du Carbonifère.
Le sol léger et sablonneux retenu par d’immenses murs de pierres sèches n’autorise qu’un rendement très limité favorable à une grande concentration des arômes et une exceptionnelle longévité des vins.
Commentaire de la dégustation :
Le Riesling est particulièrement bien adapté à ce terroir, son nez flatteur aux effluves légèrement minérales incite à la dégustation. Au palais, celle-ci fait apparaître une grande finesse, un fruité exquis soutenu par une acidité agréable.
Accords mets/vins :
« La tension globale des vins et la finesse des arômes permettent de beaux accords avec les poissons ou les fruits de mer à chair subtile, cuits ou crus, accompagnés de sauce délicate.
Le turbot, la barbue, la sole, les huîtres sont des compagnons qui s’associeront à la minéralité des vins et permettront de plaisantes combinaisons. La touche fumée des vins accentuera le relief aromatique de ces plats. »
Romain ILTIS
Meilleur sommelier de France 2012 & Meilleur Ouvrier de France 2015
Grand Cru SAERING : La finesse du fruit
Au Nord-Est de Guebwiller, contigu au KITTERLÉ, le SAERING se tourne vers l’Est et le Sud-Est, à une altitude variant de 260 à 300 mètres.
Recouvrant des formations oligocènes d’âge latdorfien composées de conglomérats à galets gréseux du Buntsandstein et de marnes inter-stratifiées, le terroir révèle un sous-sol calcaire pouvant occasionnellement affleurer. Le sol présente, dans son ensemble, une texture assez lourde, marno-sableuse, abondamment pourvue de cailloutis.
Nous possédons l’exclusivité de deux cépages sur ce Grand Cru: le Pinot Gris et le Gewurztraminer.
Commentaire de la dégustation :
Les vins issus de ce terroir ont un bouquet floral typique qui présente en bouche le fruité prononcé de son cépage soutenu par un caractère sec et racé. Un nez harmonieux, épicé qui se concrétise en bouche par des arômes de miel ou d’amandes grillées.
« Si tous les cépages expriment sur ce terroir le fruit et le croquant qui les caractérisent, la structure des vins possède quant à elle une fraîcheur droite, rehaussée par une remarquable note marine sensible en finale. Ces vins possèdent un caractère salivant, et de la longueur.
Le Gewurztraminer reste frais et digeste révélant un esprit salé et végétal noble, rappelant parfois les herbes d’eau. »
Romain ILTIS
Meilleur sommelier de France 2012 & Meilleur Ouvrier de France 2015
Accords mets/vins :
A déguster pour le plaisir ou sur des rôtis, gibiers, pieds de porc, gigots d’agneau ou bien des desserts au chocolat.
Grand Cru SPIEGEL : Charmeur et féminin
Le SPIEGEL s’étire à mi-coteau sur les deux bans de Guebwiller et de Bergholtz. Il est réputé depuis plus de 50 ans, période pendant laquelle les quelques propriétaires de ce cru se sont attachés à en préserver l’originalité.
Sur une pente moyenne comprise entre 260 et 315 mètres, il s’oriente à l’Est. Son substrat oligocène de conglomérats (à majorité galets de grès) et de marnes inter-stratifiées du latdorfien est partiellement recouvert d’éboulis et de colluvions du Trias gréseux affleurant en amont. Les sols nés de ce substrat présentent une texture argilo-sableuse aux caractéristiques hydriques satisfaisantes.
Ce terroir est propice à l’épanouissement du Gewurztraminer ainsi que du Riesling sur son versant méridional.
Commentaire de la dégustation :
« Le Riesling joue de ses arômes subtils de fleurs blanches et d’infusion.
Le Gewurztraminer est souvent sujet à la sur-maturité et au développent des notes de fruits secs et de pâtes de fruits. On notera un équilibre et une longueur raffinée, sensibles dans tous les cépages. »
Romain ILTIS
Meilleur sommelier de France 2012 & Meilleur Ouvrier de France 2015
Accords mets / vins :
Osez le Riesling au nez intense et au palais fruité sur des huitres, langoustes, poissons de mer et de rivières mais aussi sur un carré d’agneau.
Servez le Gewurztraminer avec un foie gras, une cassolette de rognons ou des ris de veau.